Grézillac (Gironde, Aquitaine)
Où ?
À Grézillac, village de l’Entre-Deux-Mers, région de la Guyenne girondine enserrée entre Garonne et Dordogne en amont de leur confluent situé au Bec d’Ambès. C’est une zone joliment vallonnée, essentiellement couverte de vignes. Surtout connue pour ses vins blancs secs ou liquoreux à base de sauvignon, de sémillon et de muscadelle, la région produit en réalité toutes les couleurs de vins à travers douze appellations d’origine contrôlées (AOC). Cette aire géographique historiquement vouée aux vins blancs voit actuellement se développer les vins rouges de merlot et de cabernet sauvignon.
Le vignoble du château Bonnet fut constitué à partir de 1560 sous l’impulsion de la famille Reynier, riches marchands libournais, qui rassemblèrent autour de la « maison noble de Bonnet » des terres et des parcelles de bois. En l’espace d’une trentaine d’années, le paysage fut transformé en un grand domaine viticole qu’exploitèrent les Reynier en toile de fond de nombreuses querelles familiales assorties de procès. En 1744, Pierre de Reynier vend la propriété au notable périgourdin Jean de Chillaud Desvieux, conseiller du roi en la cour et président aux requêtes du Palais. Son fils Jacques édifiera le château actuel sur le site de l’ancienne maison noble. Le domaine passe aux mains de plusieurs familles jusqu’à la fin du XIXe siècle, où il est acquis par le talentueux liquoriste Léonce Récapet. Trouvant le vignoble bien abîmé par le mildiou, l’oïdium et le phylloxéra, il le remet sur pied en quelques années et replante inlassablement jusqu’à ce que les collines entourant le château soient recouvertes de cent vingt hectares de vignes. Les chais et les autres bâtiments viticoles sont également reconstruits.
Son petit-fils André Lurton hérite de la propriété en 1953 et en fait le point central des activités viticoles familiales. Les Lurton, en effet, sont une famille viticole étendue, probablement la plus grande au monde. Leur nom évoque cinq générations de viticulteurs, actuellement une quinzaine de vignerons et une trentaine de châteaux parmi les plus prestigieux de la région, dont plusieurs crus classés — par exemple Yquem et Cheval-Blanc sous la direction de Pierre Lurton ; Château Climens encore récemment entre les mains de Bérénice Lurton —, et mille quatre cents hectares de vignes. Le château Bonnet est le berceau de cette dynastie et le siège de la société des Vignobles André Lurton.
« Les branches de cette famille sont très différentes », affirme Stéphane Derenoncourt, œnologue et consultant, « entre ceux qui sont restés paysans, ceux qui se sont tournés vers le négoce, ou sont partis faire des affaires ailleurs. Mais le nom Lurton signifie un attachement à un Bordeaux assez classique, à une tradition, sans que cela empêche certains de se tourner vers le bio, la biodynamie. Ils ont pris des risques, ce qui n’est pas courant dans les crus classés. »
C’est sous l’impulsion de Mathilde Bazin de Caix, actuelle diréctrice générale des Vignobles André Lurton, que le domaine s’ouvre à de nouvelles méthodes de viticulture et de vinification. Ainsi, nous vous proposons leur première cuvée réalisée à partir d’une parcelle en biocontrôle et sous un cahier des charges nature. Avec cette entrée en sélection, Culinaries poursuit sa mission pionnière en s’affranchissant des étiquettes et en accompagnant petits et grands domaines dès lors qu’ils s’engagent en conscience sur le chemin du nature.
Terroir, parcellaire et encépagement
Le terroir de Château Bonnet couvre cent vingt hectares de vignes en AOC Bordeaux et Entre-Deux-Mers. Les sols sont caractéristiques de la micro-région, soit argilo-calcaires sur socle de calcaire à astéries. Des vins rouges, rosés et blancs sont produits. L’encépagement se compose de sauvignon blanc, de sémillon, de merlot et de cabernet sauvignon. Le sémillon est utilisé pour les vins blancs mais aussi dans l’assemblage des rosés.
Méthodes culturales
En dehors de leur cuvée sans sulfite, Château Bonnet et les Vignobles André Lurton sont un des membres actifs de la première association pour le SME (Sytème de Management Environnemental) du vin de Bordeaux, né en 2010 à l’initiative du CIVB (Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux). Ses objectifs sont la préservation des terroirs et de la biodiversité, la protection de la santé des salariés et l’élaboration d’un produit de qualité. En ce qui concerne la cuvée Eden, celle-ci est issue de parcelles cultivées en biocontrôle (ensemble de méthodes de protection du végétal fondé sur l’utilisation de mécanismes naturels). Ces méthodes naturelles sont respectées de la vigne au chai.
Vinification
Dans le cadre de la vinification en biocontrôle, la fermentation se fait par levures indigènes et aucun sulfite n’est ajouté à la mise en bouteille.
Les vins
Château Bonnet produit actuellement une douzaine de cuvées dont une sans additif chimique, fermentée par levures indigènes : la cuvée Eden, un vin frais et fruité réalisé en biocontrôle, où le merlot figure en cépage légèrement majoritaire (53 %) au côté du cabernet sauvignon (47 %).