Je décide de faire les choses, je me lance, et aprÚs seulement je réfléchis à comment ça va fonctionner.
Vincent Wallard
OĂč ?
Avant de partir pour lâAmĂ©rique du Sud, Vincent Wallard vivait Ă Trouville, en Normandie, oĂč il tenait un bar et sâoccupait de festivals de court mĂ©trage. Dans une autre vie, il avait Ă©tĂ© restaurateur Ă Londres. Lâappel du voyage et une histoire dâamour lâattirent en Argentine en 2011. DĂ©jĂ , il a le goĂ»t des vins « diffĂ©rents », mais le bio, en Argentine, quâil sâagisse dâagriculture ou de viticulture, reste marginal et les exploitations en sont peu nombreuses. Pour compliquer les choses, Vincent veut des vins naturels. Il rĂȘve de faire dĂ©couvrir aux Français les vins paysans, les vins de pateros, par opposition aux vins de bodegas (grandes exploitations), mais les pateros nâont pas lâautorisation de les exporter. Ă force de chercher, Vincent trouve : il vinifiera, avec lâaide initiale dâĂmile Heredia, les vins de la Bodega Cecchin, Ă Mendoza, « un des premiers vins bio et le seul et unique malbec argentin sans sulfites ajoutĂ©s ». Son activitĂ© de nĂ©gociant vinificateur se ramifie jusquâau Chili, dont il importera aussi des vins naturels. En 2016, cette aventure dans les vignes du Nouveau Monde a donnĂ© lieu Ă la rĂ©alisation dâune sĂ©rie documentaire de Mickael Royer intitulĂ©e Cuatro Manos, comme la maison de nĂ©goce et la cuvĂ©e argentine de Vincent Wallard.
Terroir, parcellaire et encépagement
En lâoccurrence, on ne dĂ©crira pas le vignoble de Vincent Wallard mais les types de terroir dont il vinifie les raisins. Les principales rĂ©gions viticoles de la rĂ©publique Argentine sâalignent au pied des Andes, du sud au nord, celle de Mendoza Ă©tant la plus importante (70 % de la surface) et la plus mĂ©ridionale. Le climat est gĂ©nĂ©ralement semi-aride, voire dĂ©sertique, avec des oasis, et lâaltitude trĂšs Ă©levĂ©e des vignobles (entre 800 et 1 700 mĂštres) offre de forts contrastes de tempĂ©rature. Les sols sont pour la plupart pauvres en matiĂšre organique et riches en potasse (parfois salins), profonds, de nature alluviale et marneuse, et plus ou moins sableux et caillouteux. Le cĂ©page dominant est le malbec. Viennent ensuite dâautres cĂ©pages dâorigine europĂ©enne : syrah, cabernet, merlot, etc., et des cĂ©pages rouges locaux tels que la bonarda. Les Argentins, grands mangeurs de viande, ont une prĂ©dilection pour le vin rouge et celui-ci domine la production : les vins blancs sont minoritaires. Au Chili, Vincent dĂ©couvre une viticulture diffĂ©rente : en raison dâune longue et riche histoire viticole, les vignerons qui font bouger les lignes sont plus nombreux et il trouve quelques « nature » Ă se mettre sous la dent. Depuis peu, Vincent, Ă cĂŽtĂ© de son nĂ©goce dâimportation, opĂšre Ă©galement un nĂ©goce ligĂ©rien, Ă Chinon.
MĂ©thodes culturales et vinification
Quâil sâagisse des vins quâil importe dâArgentine et du Chili ou de ceux quâil vinifie Ă partir de raisins achetĂ©s en val de Loire, en Beaujolais ou dans le Midi, Vincent Wallard veille scrupuleusement Ă ce que la vigne nâait reçu aucun intrant chimique et quâil nâen soit pas davantage question au chai. En dâautres termes, du Nouveau Monde Ă lâAncien, il importe et fait des vins nature.
Les vins
Les vins de Vincent Wallard sont de deux catĂ©gories : certains proviennent de sa vinification de nĂ©goce en Argentine, le reste provient de son nĂ©goce français. Dans le premier cas, il sâagit de la cuvĂ©e Cuatro Manos, pur malbec de Mendoza. En France rĂšgne la sĂ©rie des Tontons : Tonton rouge (cabernet franc de la rĂ©gion de Saumur), Tonton Grolleau, Tonton Chenin, Tonton du Sud (grenache) et, quoique non Tonton, son Ă©tiquette le situe dans la mĂȘme collection, Le Pâtit Nouveau, un gamay du Beaujolais. Les rouges de Vincent sont cĂ©lĂ©brĂ©s pour leur droiture, leur concentration et un certain classicisme. Ce sont des vins de gastronomie.