« Des vins surprenants destinés à un public averti, curieux de nouvelles saveurs. »
Éric Bernardin
Où ?
Daniel Sage, aussi bien viticulteur que négociant-vinificateur, se trouve à la croisée des pays, entre la vallée du Rhône, l’Ardèche où sont situées ses vignes, la Haute-Loire où il réside et la Loire où se trouve son chai. Originaire de la banlieue lyonnaise mais ayant passé à Saint-Étienne une partie de son adolescence, Daniel empoche d’abord un CAP de tôlier, puis exerce plusieurs métiers et vit plusieurs existences. Un jour, pourtant, sa réelle passion pour le vin (et notamment pour le vin naturel) prend le dessus. Il vend des vins pendant un certain temps avant de passer à la viticulture, aidé par des amis vignerons. En 2011, il s’installe à Saint-Sauveur-en-Rue, au sud du mont Pilat, dans un ancien bâtiment industriel, exploite son petit domaine en Ardèche du Nord, et fait bientôt preuve d’un vrai talent de vinificateur. En trois ans, il devient vigneron culte grâce à l’excellence de ses crus réalisés sans soufre ni aucun produit œnologique. Parallèlement à l’exploitation de son vignoble, il achète et vinifie les raisins d’autres vignerons, plus au sud, à Villeneuve-de-Berg et à Valvignères.
Terroir, parcellaire et encépagement
Daniel exploite trois hectares de vignes à Bogy, près d’Annonay, dans le nord de l’Ardèche. Les sols sont à dominante de granit avec des migmatites (gneiss granitisés) et des sables résultant de la décomposition de ces roches. Ce type de terroir est davantage lié à la vallée du Rhône septentrionale qu’au vignoble de l’Ardèche proprement dit, concentré sur des sols calcaires au sud du département. On ne s’étonnera donc pas que les cépages de Daniel soient ceux des Côtes du Rhône Nord : gamay, pinot noir, syrah, chardonnay et viognier. Cependant, en tant que négociant, il vinifie aussi des raisins cultivés au sud du département, sur des terrains marno-calcaires non loin de Montélimar, ce qui apporte une nuance plus méridionale à certaines de ses cuvées. De plus, grand testeur devant l’Éternel, il n’hésite pas à planter un cépage jurassien (le poulsard) en terre rhodanienne et à remettre au goût du jour des variétés locales telles que le couston.
Méthodes culturales
Depuis le début de son activité viticole, Daniel travaille à la vigne sans chimie de synthèse et sans intrants, hormis un peu de cuivre et de soufre naturels. Les terroirs, dans la vallée nord du Rhône aux profils escarpés, sont difficilement mécanisables ; les vignes sont travaillés au cheval. Les vendanges sont entièrement manuelles.
Vinification
Qu’ils soient issus de la vendange de Daniel ou de celle d’autres vignerons, les raisins sont tous bio et vinifiés à son chai de Saint-Sauveur-en-Rue, sans intrants chimiques, sans soufre et par l’action de levures naturelles. Expérimentateur dans l’âme, Daniel pratique tour à tour la macération pelliculaire, la sélection parcellaire, le monocépage ou l’assemblage, et réalise de nombreuses microcuvées.
Les vins
Bien qu’installé assez récemment dans la viticulture, Daniel Sage fait des vins bourrés de vitalité et d’énergie : des bouteilles cultes qu’on recherche, qu’on convoite et qu’on s’arrache. Leur rareté tient au fait qu’il réalise beaucoup de microcuvées à partir de petites surfaces et qu’il faut donc les saisir dès qu’on les voit passer. C’est le cas de la cuvée Grange Bara, un marsanne-roussanne de macération qui récolte tous les suffrages, ou de Nyctalopie, assemblage de gamay de pinot noir où le fruit rouge frais et les épices laissent percevoir une élégante note de graphite. Les étiquettes de ses vins reproduisent des œuvres de l’artiste belge Jean Raine, décédé en 1986, dont il est un admirateur passionné. Hypothèque abolie, Un chant d’amour, Un trajet inutile, Adam contre le beefsteak furent des titres de toiles avant de devenir des noms de cuvées.